Nous avons appris dans la journée du 17 décembre la terrible nouvelle de la disparition d’un confrère, d’un ami, d’un confident : Albassirou Diallo, dit El Bechir. Son décès est survenu à Dakar, où il résidait depuis quelques mois, des suites de maladie.
El Bech, comme j’aimais l’appeler amicalement, fut un journaliste professionnel hors pair, très intelligent, doté d’un niveau d’études remarquable. Il convient de rappeler qu’il faisait partie de la toute première vague des journalistes de la presse écrite privée en Guinée, dès 1992. À ses débuts, de retour de Bruxelles après de brillantes études en physique nucléaire, El Bechir entame sa carrière journalistique au journal satirique Le Lynx, la même année, sous la direction de Diallo Souleymane, ancien de la diaspora ivoirienne.
Notre confrère ne restera cependant pas longtemps au Lynx, pour cause de mésentente. Il quitte alors la rédaction pour rejoindre L’Indépendant, propriété de l’ancien ministre de l’Information Aboubacar Sylla. Il y débute comme journaliste-reporter avant de devenir rédacteur en chef, aux côtés de confrères tels qu’Abdoulaye Top Sylla, Abdoulaye Condé, Abdoulaye Sankara dit Abou Maco, Saliou Samb, Tibou Kamara, les regrettés Aboubacar Condé, Pounthiou Diallo, Thiernodjo Diallo dit Bebel, entre autres.
El Bechir était un journaliste accompli, un homme de principes, un travailleur acharné, correcteur rigoureux et exigeant. D’une grande culture, il maîtrisait pratiquement tous les sujets ainsi que la langue de Molière, qu’il écrivait et utilisait avec aisance et une parfaite maîtrise. Il forma, avec désintéressement, de nombreux jeunes journalistes de l’époque aux techniques du reportage et de l’analyse politique, comme s’il sortait tout droit du CESTI (Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information) de Dakar.
Après le groupe Indépendant-Démocrate, El Bechir poursuivit son parcours dans plusieurs autres rédactions de la presse écrite privée, notamment Le Citoyen du feu Siaka Kouyaté, La Vérité du feu Thiernodjo Diallo dit Bebel, et L’Observateur de Tibou Kamara.
Vers la fin du régime du président Lansana Conté, en 2008, il devint consultant dans plusieurs domaines, notamment auprès du système des Nations Unies, ainsi que de hauts cadres de l’État comme Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre d’Alpha Condé, et d’hommes d’affaires tels qu’Antonio Souaré et Mory Diané, résidant à Washington, aux États-Unis.
Au lendemain de l’avènement du CNRD en Guinée, en septembre 2021, il s’installa à Dakar auprès de la famille de sa défunte mère, avec son fils qu’il inscrivit dans une école avec internat à N’Bour, au Sénégal.
Depuis Dakar, El Bechir restait régulièrement en contact avec ses vieux copains et amis, qu’il appelait chaque semaine sur Messenger ou WhatsApp à Conakry pour prendre des nouvelles du pays. Je faisais partie de ceux qu’il appelait constamment. Nous échangions sur tout, notamment sur la situation politique de la Guinée et sur nos amis de la presse.
La presse guinéenne, dans toute sa diversité, perd aujourd’hui un grand pilier, un combattant infatigable pour la liberté de la presse indépendante.
Paix à ton âme et paradis éternel, cher ami et combattant.
Amen.
Ibrahima sory diallo dit debek









