En ce mois béni de Ramadan, les musulmans du monde entier observent le jeûne, rythmé par des prières et des rites bien établis. Parmi ces pratiques, les 13 *rabbat* occupent une place particulière. Ces moments de supplication, effectués avant l’aube, sont cruciaux, car ils marquent l’intention des fidèles de jeûner pour la journée à venir.
Cependant, une pratique inhabituelle a été observée dans une mosquée située à Lambanyi, en banlieue de Conakry. Contrairement aux habitudes où un seul imam dirige ces instants de dévotion, trois imams se relaient à tour de rôle pour réciter les *rabbat*. Une situation qui interroge sur la conformité de cette pratique avec les règles établies de l’Islam.
●Une innovation ou une simple organisation interne ?
Dans la tradition islamique, la récitation des *rabbat* est un moment de grande spiritualité, souvent conduite par un seul imam ou par un fidèle ayant une bonne maîtrise des invocations prescrites. L’échange successif de trois imams dans une même séance est une particularité qui peut soulever des interrogations théologiques.
Pour comprendre cette pratique, j’ai sollicité l’avis de certains érudits musulmans. Selon un imam contacté, l’essentiel est que les invocations soient récitées avec sincérité et selon les recommandations prophétiques. « En Islam, il n’y a pas d’interdiction formelle quant à la succession de plusieurs imams pour les *rabbat*, tant que les formules restent conformes aux enseignements du Prophète (PSL). Cependant, la tradition veut que ces supplications soient dirigées par une seule personne pour garantir une certaine homogénéité et une concentration des fidèles », explique-t-il.
D’un point de vue pratique, l’alternance entre plusieurs imams peut être une simple organisation interne, visant à soulager chacun d’eux pendant les longues nuits de prière et d’invocation du Ramadan. Toutefois, certains puristes pourraient y voir une innovation (*bid’ah*) qui s’éloigne des pratiques originelles.
Quelle attitude adopter ?
Face à cette situation, la communauté musulmane pourrait rechercher un consensus en consultant les instances religieuses compétentes, notamment le Secrétariat Général des affaires religieuses de Guinée, afin d’obtenir une clarification officielle. L’essentiel étant de préserver l’esprit du Ramadan, fait d’unité, de dévotion et de conformité aux enseignements de l’Islam.
En attendant que je ne prenne attache avec le Secrétaire Général adjoint chargé des affaires religieuses, les fidèles de cette mosquée de Lambanyi continueront à observer cette particularité qui, bien que singulière, ne semble pas altérer la ferveur spirituelle de ce mois sacré.
Par Aboubacar Sakho
Juriste-journaliste
